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C’était un jour comme les autres…enfin c’est ce que je pensais en me levant…Il était 15h lorsque je sortis de l’hôtel dans lequel je travaillais comme chaque été depuis deux ans. Le soleil du mois d’août chauffait et je n’avais qu’une hâte, rentrer chez moi et récupérer le sommeil qui me manquait depuis quelques jours. Les dix minutes qui me séparait du foyer dans lequel j’avais posé mes valises depuis mon arrivée en terre alsacienne me semblait comme à chaque fois que je les faisais, une éternité. J’arrivais enfin. Je passai la porte vitrée et souris à Antonio, le gardien de l’immeuble, qui comme à son habitude, était occupé au téléphone. Je me dirigeai vers les escaliers lorsque j’entendis crier mon nom avec ce si bel accent italien qui me faisait craquer. -Annabelle !Je me retournai. -Du courrier pour vous. De bonnes nouvelles j’espère !Je fis demi tour et alla récupérer les quelques lettres qu’Antonio me tendait dans un grand sourire. -Oh des factures comme d’habitude. Merci. -Bonne après midi Mademoiselle Annabelle !-Merci Antonio, toi aussi. Je remontai trois par trois les escaliers qui me menaient vers le troisième étage. C’est bien essoufflé que j’arrivai sur le palier et enfonçai la clé dans la serrure de ma petite chambre de 12m². Je m’écroulai sur le lit et ne tarda pas à m’endormir. C’est la voix de Bill qui me réveilla. Spring nicht, la sonnerie de mon téléphone portable…Je sursautai, repris mes esprits et mis quelques minutes à le trouver. -A…Allo ? -Coucou ma belle ! On se voit ce soir comme promis ? Mince, je l’avais complètement oublié…-Euh…oui oui bien sûr Pauline…-Ok…19h Place d’Austerlitz comme d’hab. A toute ! J’ai hâte de te le présenter. Bye. Je n’avais aucune envie de bouger. Mais Pauline était ma meilleure amie, et si je le lui avais promis…J’allai puiser dans mon reste d’énergie pour me lever et m’enfermer dans la salle de bain. Je restai un moment sous l’eau quasi brûlante de la douche avant de me maquiller et de m’habiller. Puis je descendis. Pauline attendait déjà dans le petit parc de la Place, elle accourue vers moi en me voyant et me sauta au cou. Elle me présenta toute fière son nouveau prétendant. Nicolas. Garçon timide mais très beau garçon, il fallait l’avouer. Pauline me surprenait toujours. Une vie amoureuse très tumultueuse et l’impression à chaque fois qu’elle me présentait un garçon, que c’était l’homme de sa vie. Tout dans la démesure et l’extravagance. Je l’enviais d’avoir autant d’énergie et d’y croire toujours plus fort. Il faut dire que côté sentimental, j’avais plutôt tendance à avoir mis mon cœur en cage depuis ma rupture avec Lorik. Il m’avait blessé mais je l’aimais toujours, enfin je crois que ça s’appelle l’amour, il faut dire que je n’arrive plus très bien à comprendre ce que je ressens réellement. Peut être que je ne veux plus comprendre…Après un restaurant avec eux et une pizza qu’il allait me rester sur les hanches pendant quelques jours, je me décidai à rentrer. Lasse, il faut le dire, des preuves d’amour débordantes et du bonheur affiché de Pauline et Nicolas. Je retrouvai ma chambre et mon univers, le calme dont j’avais tant besoin. Je suis une solitaire. Une solitaire avec des rêves pleins la tête…C’est en m’asseyant sur le lit que je remarquais le courrier oublié quelques heures plus tôt. Il était rare que j’ouvre mon courrier de suite. Il trainait en général une bonne semaine sur mon bureau avant que je ne daigne l’ouvrir. Peur des mauvaises nouvelles sans doute…Je m’y intéressai quand même. -Facture, facture…facture…Jusqu’à ce qu’une lettre en provenance de Berlin capta mon attention. Je suis étudiante en Allemand depuis trois ans. J’ai toujours aimé cette langue. Et je suis toujours passée pour une extraterrestre aux yeux des autres qui trouvaient tellement ringard de parler une langue que les jeunes pensaient être inventée pour les jeux de guerre. Je l’ouvris et tomba sur l’entête d’Erasmus. J’avais fait ma demande pour finir ma dernière année dans une ville d’Outre Rhin. Sans doute un bon moyen de fuir certaines personnes. Pas très courageux certes mais je sentais que ma vie devait changer, et si cela devait passer par l’exil, j’étais prête à le faire. J’avais formulé trois vœux : Berlin, Hambourg et Munich. La nouvelle allait tomber. J’étais à la fois anxieuse et terriblement excitée.   Je dépliai doucement la lettre et le mot «Hambourg » vint me sauter aux yeux. Je hurlai de bonheur. Je hurlai si fort qu’on frappa à ma porte.-Annabelle qu’est ce qui se passe ?? -Je fais mes valises Seb !! Je quitte la France je vais vivre à Hambourg !!!!J’étais heureuse. Prête à ramasser toutes mes affaires et à monter dans le premier train. Il ne partagea pas ma joie. Sébastien était mon meilleur ami. Il était à Strasbourg depuis quelques mois seulement, pour une formation, mais ça faisait des années déjà que l’on se connaissait. On était habitué à vivre loin l’un de l’autre, notre amitié n’en avait jamais pâtie, mais cette fois ci je le sentais triste. -Je suis content pour toi. Mais encore une fois tu m’abandonnes…-Un an Seb, un an ça passe vite !  -Tu vas me manquer.
Il me serra dans ses bras. Bien que surprise car Sébastien n’avait jamais été très démonstratif avec moi, je le lui rendais. Son portable vint déranger ce moment de complicité et il quitta ma chambre avec un seul geste de la main comme au revoir.  La lettre n’avait pas quitté des mains. Je la lisais et la relisais encore. Excitée par cette inconnue que l’on appelle l’avenir. Il était bien tard lorsque je me faufilai dans les draps. Mais la nuit eue du mal à m’attraper. Je me retournais dans tous les sens, imaginant le départ, l’arrivée, les cours, les gens, la vie…La nouvelle vie qui s’offrait à moi. J’allai enfin oublier mon passé. Tous ses gens qui m’ont fait souffrir ne seront que de tristes souvenirs, j’allais me réinventer, me redécouvrir…